Réouverture de la Bièvre : l’amorce d’un début de concertation ?

Sous le titre « La Bièvre, projet et enjeux», la mairie a organisé le 13 novembre 2024 une réunion publique sur la réouverture de la Bièvre à Gentilly à laquelle ont participé une trentaine de personnes. Un compte-rendu en est fait dans le numéro de Janvier-Février du magazine municipal « Vivre à Gentilly ». L’association « Mieux vivre à Gentilly » était  représentée à cette réunion annoncée bien discrètement, alors qu’elle concerne un projet de la plus haute importance, car la Bièvre,  comme l’a dit le Maire ce soir-là est une « artère de notre ville » et sa mise à découvert « peut améliorer et transformer la ville ».

La Bièvre a complètement disparu du paysage de notre commune vers 1952, tout en restant présente dans le règlement du Plan local d’urbanisme (PLU). L’agence de bassin Seine-Normandie et la Métropole du Grand Paris conduisent depuis quelques années une politique de réouverture de la Bièvre, déjà réalisée ou en projet dans un certain nombre de communes qu’elle traverse entre Antony et Paris. Cette politique vise à « restaurer la biodiversité » en milieu urbain et à faire baisser les températures.

La  Bièvre s’écoule en général à plus de deux mètres en dessous du sol. Si l’on veut éviter de la voir couler en profondeur en contrebas d’une tranchée profonde, il est nécessaire d’aménager des berges, avec une emprise forte au sol en raison de la pente de celles-ci. Cette disposition est bien visible dans le Parc départemental du Coteau, ouvert en 2022 sur les communes d’Arcueil et Gentilly. 

Lors de la fête de Gentilly de juin 2022, les habitants ont appris le financement par la Métropole du Grand Paris et l’agence de bassin Seine-Normandie d’une étude de « renaturation de la Bièvre » dans le Parc Picasso. Malgré des demandes répétées, les objectifs détaillés de cette étude n’ont pas été rendus publics. Sans information sur son avancement, nous avons donc été surpris d’apprendre le 13 novembre que cette étude avait été poursuivie sans changement d’orientation majeur depuis deux ans. L’importance des dispositions à inclure dans le PLUi en cours d’élaboration afin de préserver des circuits naturels sous la forme des « trames vertes et trames bleues» a été soulignée par P. Salmeron de France Nature Environnement présent lors de la réunion. Mieux Vivre à Gentilly avait aussi un message à adresser aux élus ainsi qu’à la Métropole du Grand Paris *.

L’étude qui a été présentée le 13 novembre propose 3 options qui sacrifient selon les cas entre 29 et 17 des plus beaux arbres du parc Picasso. Ci-dessous les 2 derniers scenarii présentées le 13 novembre dernier ; le 1er scenario prévoyant l’abattage de 29 arbres remarquables, a été écarté par la Ville suite au tollé de l’auditoire. C’est une tactique utilisée pour rabattre sur les plans alternatifs restant.

Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, est-ce que l’ombre d’arbres multi-centenaires ne serait pas plus efficace qu’un cours d’eau aux berges nues ?

Le PLUI prévoit une “zone réservée” non construite de 6 mètres de part et d’autre de l’axe de la Bièvre. Compte tenu de la profondeur de 2 à 3 mètres du cours d’eau à cet endroit, cette bande de terrain est insuffisante pour l’aménagement de berges avec un passage de piétons, en cas de mise à l’air du cours d’eau. Chacun a pu constater que la renaturation de la Bièvre dans le Parc Départemental du Coteau en 2022 a demandé d’importants travaux de terrassement, avec une forte emprise au sol en raison des berges créées. 

On peut ainsi transposer facilement l’impact qu’aurait ce type de travaux sur notre Parc Picasso, c’est pourquoi des critiques éloquentes contre ce projet, et notamment de la part des représentants de notre association, ont été clairement émises dans l’assemblée.

Les inquiétudes de la population ont été entendues puisque le dernier bulletin municipal nous apprend une suspension du projet au profit d’une “étude globale du cours d’eau”, conduite sur deux ans.  

Le parcours de la Bièvre canalisée dans Gentilly s’étend sur environ 1000 mètres et  la « zone réservée » correspondante occupe une surface  d’environ 12 000 m2, supérieure à celle du parc Picasso (moins de 10 000m2). Aujourd’hui le manque de terrains exploitables pour la végétalisation est tellement criant que celle-ci se borne souvent à remplacer les arbres morts comme dans le cas des plantations au Chaperon vert présentées dans le dernier bulletin municipal.  Nous devrions donc étudier comment ces terrains gelés dans le PLU pourraient rejoindre les espaces verts de la ville.

Cela a été fait de façon très convaincante à Cachan avec « le sentier des rives de la Bièvre », qui a pu être aménagé dans le cadre d’une ZAC et qui doit être prolongé.

Une restauration du parcours de la Bièvre présente évidemment des obstacles divers, selon le caractère public ou privé des multiples parcelles concernées. Mais le défi climatique et la nécessité de verdir notre ville particulièrement bétonnée et de lui apporter de la fraîcheur nous imposent de trouver et proposer des solutions pour réaliser ce projet. 

C’est pourquoi nous proposons aux personnes intéressées par cet objectif de rejoindre un « atelier de la Bièvre » complètement autonome, ouvert à toutes les bonnes volontés, en se manifestant par courriel à contact@MVG-asso, par exemple en exprimant leur avis, anonyme ou pas, sur les projets évoqués ci-dessus.

Association Mieux Vivre à Gentilly

Ci-contre l’intervention de Mieux Vivre à Gentilly à la réunion municipale « La Bièvre, projet et enjeux » du 13 novembre 2024

Retour en haut