Sur un projet de mosquée à Gentilly

Une réunion publique a été organisée le 29 mai 2024 au CMAC par l’Union des Musulmans de Gentilly (UMG) et la municipalité. L’objectif était de délivrer des informations sur le projet de construction d’une mosquée au 58 rue R. Lefebvre dans le quartier du Plateau.

En préambule, les Gentilléens ont regretté que l’invitation à cette réunion publique ait été, encore cette fois, d’une discrétion de violette. En effet, il n’y a pas eu d’affichage à ce sujet sur les panneaux municipaux, et une publication tardive est apparue sur le site internet de la commune. L’affluence était néanmoins considérable avec plus de 100 participants dont un bon nombre est resté debout.

Une introduction biaisée
Le maire a débuté la réunion, insistant particulièrement sur le « vote unanime » du protocole-cadre en novembre 2023 et s’attribuant un brevet de décision démocratique.
L’annonce du projet avait pourtant suscité plusieurs demandes en faveur d’un moratoire qui aurait eu pour but d’instruire un dossier d’urbanisme vide. Les demandes adressées alors à l’ancienne maire émanaient à la fois du Conseil de quartier du Plateau, mais aussi d’un collectif citoyen spontané et des deux groupes d’opposition au conseil municipal.
Ces demandes de moratoire, bien qu’indépendantes les unes des autres, avaient toutes été rejetées. Au conseil municipal tenu quelques jours seulement après l’annonce abrupte, un des groupes politiques a choisi de ne pas prendre part au vote, tandis que l’autre présentait même sa démission collective après avoir voté « pour », afin d’éviter d’être désigné comme hostile à la communauté musulmane.

(Retrouvez notre article sur le contexte et les détails troublants entourant l’approbation de ce projet : « Un projet tombé du ciel »)

Une certaine conception de l’ « unanimité »
Les éléments de langage de M. le maire et les interventions ultérieures dans la salle l’ont montré : dans notre commune, interroger le choix du lieu d’implantation d’une mosquée suffit hélas! à être étiquetés d’ « anti-musulman », indistinctement. Raccourci bien (trop) rapide et regrettable. La propension des édiles de Gentilly à cliver la population, en opposant systématiquement des groupes aux autres, ne date malheureusement pas d’hier et est bien connu et su.

Ainsi, dans ce projet porté par l’UMG, ce n’est pas la question d’une opposition à une communauté mais bien le caractère expéditif en dehors de toute démocratie participative de la procédure adoptée par la municipalité qui est au coeur du débat.

Le responsable de l’UMG a déroulé sa présentation et porté à la connaissance de l’assistance venue nombreuse et intéressée que le projet se place sous l’égide du RAM 94, Rassemblement des associations musulmanes du département, créé par le président de l’Union des associations musulmanes de Créteil.

L’une de ses missions est de faire avancer les projets de lieux de cultes dans le Val-de-Marne à l’instar des communes avoisinant Gentilly.


L’Union des Musulmans de Gentilly est constituée comme « association Loi 1905 » entièrement dédiée au culte : l’édifice au 58 Rue Raymond Lefèbvre serait, gratuitement, mis à disposition de l’UMG ou les associations la remplaçant, aux fins d’exercer leur culte. Les taxes foncières ne s’appliquent pas à l’UMG et celle-ci est habilitée à signer un bail emphytéotique avec la ville.

L’association UMG a des obligations comme celle de déclarer ses financements en provenance de l’étranger, nous précise le responsable de l’UMG.

En outre, pour l’animation culturelle du lieu, par exemple l’enseignement de l’arabe ou l’établissement d’une école coranique, une autre association est créée suivant la loi de 1901 : l’AC-UMG (Association Culturelle de l’Union des Musulmans de Gentilly).

La présentation de l’architecte du projet a permis de prendre connaissance des caractéristiques principales de la construction :
• L’emprise au sol du bâtiment serait de 324 m² sur un terrain de 590 m² soit 55 % de la parcelle et l’édifice serait en fond de terrain, donc en retrait de la rue Raymond Lefèbvre, laissant une portion de terrain herbacé devant la mosquée (cf photo de la maquette présentée).
• La hauteur totale de l’édifice serait en alignement avec les constructions alentour.
• La surface de plancher serait de 980 m² au total se répartissant sur 4 niveaux : une salle de prière de 114 m² au rez-de-chaussée, une autre au premier étage, de 102 m², 4 salles d’étude au deuxième étage et un sous-sol.
• Il n’y aura pas de parking collectif; encouragés par le Coran, les fidèles sont incités à se rendre à pied à la mosquée. A destination des personnes à mobilité réduite et des secours, deux emplacements extérieurs pour véhicules sont néanmoins envisagés sur le flanc droit du bâtiment, soit sur la rue de Reims.

présentation du projet de mosquée à Gentilly
Le projet de mosquée et d’école coranique à Gentilly : la rue R. Lefebvre à g. et la rue de Reims à dr., où seront situées les deux entrées.


• En référence à la séparation des entrées des femmes et des hommes existant pour les locaux du collège Pierre Curie, il a été demandé ce qui était prévu. Les réponses à cette question sont restées confuses tant de la part de l’architecte que du responsable de l’UMG. Des considérations floues ont été émises relatives à la largeur de passage dans les escaliers ; il semblerait que les deux entrées prévues rue de Reims correspondront aux entrées séparées des femmes et des hommes.

Le comité de pilotage
La mairie a instauré un comité de pilotage sous la coordination de deux élus (A. Pelletier et M. Jay).

L’objectif est de suivre le projet et de diffuser des informations quantitatives relatives au bâtiment et à l’avancement du financement, comme le prévoit le protocole-cadre.

Une première réunion a permis d’apporter des informations absentes du protocole-cadre de novembre :
L’étude de dépollution du sol est en cours et le budget de la construction est estimé à plus de trois millions d’euros dont l’UMG a rassemblé quelques centièmes à ce jour
• La charte destinée à régler le fonctionnement du comité est toujours en attente.
Lors de la deuxième réunion du comité de pilotage, le représentant désigné de l’opposition était absent : il n’aurait pas été convoqué.

Ainsi, un participant a qualifié avec humour ce comité de pilotage de « comité Théodule » car l’on peut s’interroger sur ses capacités réelles d’intervention et d’impact sur le programme tel que défini par l’UMG.

La réunion s’est achevée vers 21h 30 dans une ambiance de tolérance conservée de bout en bout, et une sympathique collation offerte par l’UMG.

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