Point de vue
La municipalité qualifie souvent les réunions publiques qu’elle organise de « séances de concertation ». Mais réunir sans information préalable quelques citoyens pour répondre à des questions orientées, est-ce cela la concertation ?
A propos de la modification du plan local d’urbanisme (PLU)
En amont de la modification n°6 du plan local d’urbanisme de 2007 (PLU) de Gentilly, dont le processus est engagé depuis environ un an, la municipalité a organisé plusieurs réunions publiques qu’elle a qualifiées de « séances de concertation ». En réalité, les participants étaient seulement réunis pour répondre à des questions fermées à choix multiples préparées à l’avance, alors que les organisateurs vantaient que ce type de « concertation » était un geste démocratique non obligatoire.
Sur de tels sujets d’urbanisme, pourquoi la Ville de Gentilly n’a-t-elle pas favorisé des séances ouvertes aux réflexions de nos concitoyens, sur des durées plus longues, s’inspirant d’une pratique courante, par exemple à Arcueil ?
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A propos des conseils de quartier
La compréhension étonnamment élastique de la notion de « concertation » municipale, et même de son intérêt, est illustrée clairement par la 3e adjointe, Mme Nadine Herrati, dans le dernier bulletin municipal en ces termes :
« Il nous paraît étonnant que certain⸱e⸱s puissent évoquer un « manque de concertation » liée à la mosquée devant voir le jour pour 2026. Rappelons tout de même que le bureau du Conseil de quartier du Plateau s’est vu présenter ce programme avant que ce dernier ne soit examiné en conseil municipal. Et puis, ne nous le cachons pas, la concertation pour la concertation constitue souvent le plus sûr moyen de ne rien faire. Tel n’est pas notre cas. Au contraire, nous portant avec conviction une politique au service de chacun⸱e, sans exclusive. »
(Bulletin municipal Vivre à Gentilly, mars-avril 2024, n°300, p. 28).
Dans les faits, seuls quatre membres du conseil de quartier du Plateau étaient invités à se faire présenter, le 15 novembre 2023 et pour la première fois, le projet de mosquée rue R. Lefebvre, alors que le conseil municipal se réunissait dès le 23 novembre pour décider de l’affectation d’un terrain communal à l’édification de ce lieu de culte.
A la réunion mensuelle du conseil de quartier, aucun élu de la majorité n’était présent et, faute d’information officielle autre que cette convocation, le conseil de quartier du Plateau avait demandé à la municipalité de reporter au conseil municipal de décembre cette délibération et d’organiser une réunion publique ainsi qu’une rencontre avec les porteurs du projet. De même, bien que, selon la présentation du projet par la maire, la décision est motivée par « de longues études », aucun dossier d’urbanisme n’a jamais communiqué à la commission municipale en charge de l’examen du dossier ! On apprend donc que, selon la conception de la 3e adjointe, il suffit que quatre membres d’un conseil de quartier soient reçus par la maire, sans aucun document, une semaine avant le conseil municipal pour qu’une concertation soit valide et effective !
A propos du parcours de la Bièvre
Nous pouvons rappeler qu’il a été demandé dès le 5 avril 2023 à cette élue, tête d’une liste écologiste aux précédentes élections municipales, un rendez-vous pour obtenir de l’information sur l’objectif des études en cours sur le parcours de la Bièvre dans le parc Picasso (annoncées lors de la fête des associations en juin 2022), demande renouvelée le 12 mai 2023, sans réaction jusqu’à présent…
La population de Gentilly peut ainsi continuer de s’interroger sur un beau (non-)sujet de concertation : quelles sont les différentes options de réhabilitation du parcours de la Bièvre dans Gentilly ?
En conclusion, on peut estimer que la conception particulière de la concertation qui domine au sein du conseil municipal ne facilite pas le dialogue avec la population…