À l’Ouest le Chaperon Vert cessera-t-il d’être gris ?

Le Quartier du Chaperon Vert reste massivement bétoné après la création de la ZAC Lénine en 2008.

Le commissaire-enquêteur avait approuvé les demandes des citoyens

Fin novembre 2023, le commissaire-enquêteur rendait son rapport d’enquête publique sur le projet n°6 de modification du PLU (plan local d’urbanisme) de Gentilly.
Pour la parcelle dite « Extension du Jardin du Petit Bois » qui ne bénéficiait d’aucune protection, enclavé dans le quartier hyper-minéralisé du Chaperon Vert, il y avait «  la nécessité et la cohérence de faire bénéficier à cette parcelle improprement décrite comme « friche » sur les plans territoriaux, du même statut protecteur que le Petit Bois » (de l’autre côté du muret de pierres, parcelle Nord). cf. vidéo en infra.

Chaperon Vert Gentilly espace vert

Le quartier Chaperon Vert : une zone (en encadré noir) ceinturée par des voiries très empruntées, polluantes, que la Ville a revue pour en faire la ZAC Lénine; le projet répondait aux objectifs de logements sociaux du Val-de-Marne en 2005-2008. Aujourd’hui, aucune pause dans l’artificialisation des maigres espaces verts résiduels, dont le Petit Bois et son extension (en vert foncé) autrefois une forêt d’arbres… La Ville veut artificialiser une bonne partie de la parcelle Sud pour un terrain de ballons.

Le rapport d’enquête publique soulignait que le Petit Bois (en vert foncé, parcelle nord) est classé en zonage « Espace paysager avec espaces récréatifs à protéger ». Il comporte en effet un parcours d’agrès pour adultes.

Le commissaire-enquêteur recommandait que le même classement bénéficie à l’extension sud, dite « extension du Petit Bois » d’une surface équivalente (892 m²). L’ensemble aurait été mis en cohérence sur 2070 m2. Soit.

Cependant, il émettait une réserve pour la parcelle sud, soit un « plafond maximal de 10-15 % d’artificialisation de la pleine terre SI il devait y avoir une aire récréative sur l’extension du Petit Bois« . Il évoquait dans le rapport ‘un poteau de basket’ !

Les conclusions de l’enquête, connues depuis fin novembre 2023 et ayant fait l’objet d’une restitution générale avec la présentation des arbitrages de la Mairie le 28 janvier dernier, aucune concertation dédiée à l’extension du Petit Bois n’a été engagée à ce jour auprès des riverains. C’était pourtant une promesse municipale, la Mairie l’avait annoncée pour le printemps 2023, puis pour la Toussaint 2023, et puis….

En réunion de restitution du 28 Janvier, la Ville a fait présenter les arbitrages suivants par son bureau d’études Espaces-Villes :

Refus de la demande publique des citoyens de faire bénéficier le site du zonage le plus protecteur N (espace naturel) sous le prétexte que le terrain est d’une taille trop restreinte… Le zonage serait seulement « Espace paysager avec espaces récréatifs à protéger ».

Refus de la demande publique des citoyens de conserver 100 % de la pleine terre. Le commissaire-enquêteur proposait une option médiane : plafonner l’espace sportif à 10-15 % de la surface de l’extension du Petit Bois (892m²), soit un maximum de 134 m² (11m x 11m environ). L’élu en charge de l’urbanisme d’alors a glissé – très très rapidement en réunion – une règle moins contraignante pour la Ville : il s’agirait de prendre sur la pleine terre 10 % de la surface globale du Petit bois et de l’Extension du Petit Bois (2070 m²). Mais, cela aboutirait à artificialiser 207 m² de pleine terre soit bien plus ! Cette règle, nul – pas même le commissaire – n’en avait entendu parlé durant l’enquête !

Non-prise en compte de la recommandation du commissaire-enquêteur d’imposer des heures strictes de fermeture afin d’éviter les nuisances sonores.

Pourtant l’enquête publique avait surpris par la mobilisation des riverains et des collectifs

Nombre de Gentiléens – dont des familles avec enfants – étaient venus rencontrer le commissaire-enquêteur et avaient déclaré que le Chaperon Vert offre trop peu d’espaces de pleine terre. Une note étayée a été remise – parmi d’autres – soulignant l’incongruité d’un projet d’artificialisation d’un des rares espaces de pleine terre subsistant au milieu de tours d’habitations – très rapprochées et sur le site-même d’un puits de chaleur qui se manifeste chaque été, voire dès le printemps.
Les habitants concernés au premier chef ont exprimé leur crainte et leur étonnement du faible engagement des élus dans la prise en compte du réchauffement et de l’urgence climatique. Pourtant, il est plus en plus difficile de vivre en zones urbaines, en particulier pour les familles les plus modestes, les jeunes enfants et les personnes âgées.
Ces initiatives étaient soutenues ou reprises par divers collectifs et associations (dont Mieux Vivre à Gentilly), représentant ainsi plusieurs centaines de personnes qui s’émouvaient de l’avenir du Petit Bois, une majorité mobilisée depuis Février 2022. Sans compter notre groupe de soutien sur Greenvoice (vous pouvez le soutenir en signant la pétition en ligne ici).

Ce terrain de pleine terre mérite d’être intégralement préservé pour le bien collectif

Résultat après toute la mobilisation : les élus de la majorité municipale ont fustigé les initiatives des habitants du Chaperon Vert venant contrarier les prétendues promesses d’une quinzaine d’années, et les velléités d’implanter un city-stade. Du reste, l’extension du Petit Bois n’était pas même au programme de l’enquête public et les élus ont grincé des dents quand ils l’ont vu épinglé dans le rapport et en plus, soumis à des réserves…Ils n’allaient tout de même pas laisser faire sans glisser un mot.

Les « nouveaux Gentilléens ne seraient pas légitimes »

La municipalité a répondu à même le rapport, usant de sa dialectique habituelle et refaisant appel à un clivage parfaitement artificiel entre ‘nouveaux’ et ‘anciens habitants‘. Comme si la nouveauté devait déterminer les avis sur les mesures environnementales, Gentilly a nié la légitimité des nouveaux habitants à contribuer à la vie locale. A Gentilly, plus vous êtes ancien, mieux vous êtes servi…, peu importent finalement les taxes et contributions que vous représentez.

La Ville a bien reconnu que le projet initialement envisagé il y a une quinzaine d’années, avec le concours des habitants (un city-stade avec de hauts grillages avait été évoqué en conseil municipal de Décembre 2021) n’est plus adapté aujourd’hui. Pour autant, les « nouveaux habitants ne sauraient préempter la décision de l’usage d’un site qui doit répondre aux besoins de « tout un quartier » (sic).

La parcelle ayant été cédée à 1€ symbolique par une copropriété s’estimant aujourd’hui nettement sous-informée par leur promoteur CREDIT AGRICOLE IMMOBILIER, la Ville déclare n’avoir jamais dissimulé son intention d’y mettre un city-stade dès l’avant-projet de construction. Les copropriétaires sont particulièrement remontés.

Gentilly maintiendrait l’aménagement a minima d’une aire de jeux de ballons car elle l’a promis...

« Un projet vieux de 15 ans d’aire de jeux de ballons … par 40°C à l’ombre (ou plutôt sans …), ne nous permettra pas de lutter contre le puits de chaleur qu’il y a au milieu des tours d’habitations, Rues Petit Bois, Mail des Tilleuls, Aqueducs« . Collectif du Petit Bois

« L’intention de protéger la parcelle de pleine terre n’est pas de « préempter » la décision de l’usage d’un site » comme évoqué par les élus.

Bien au contraire : il s’agit de vouer cet emplacement à l’usage des habitants de tout un quartier sans exception, ni distinction de genre ou de génération, et de le rendre attractif et sans risque, y compris pour les personnes à mobilité réduite.
Une aire de jeux de ballon a un usage restrictif et exclusif par le type et le genre de fréquentation qu’elle amène, excluant tout autre usage. C’est donc le contraire de l’inclusivité ».
Collectif du Petit Bois

Le Collectif du Petit Bois, créé pour sauvegarder cet espace de pleine terre, n’a pu que réagir aux quelques bribes d’information qu’a bien voulu lâcher l’équipe municipale depuis Février 2022, soit 2 années d’avancée en tunnel complet.

Dans une commune carencée en espaces verts, donner à une aire de jeux de ballons – espace ludique comme il en existe d’autres à moins de 400 m – une utilité supérieure et plus universelle qu’à celle d’un espace arboré unique pour sa pleine terre (qui apporte quotidiennement et pour tous des bienfaits tangibles pour la qualité et la climatisation naturelle de l’air)… interroge sur la capacité d’anticipation et d’adaptation de la majorité municipale.

Pendant ce temps, l’urgence climatique continue d’occasionner des effets et des dégâts irréversibles sur les individus, les territoires, espaces et habitations.

Carte de chaleur Gentilly
Climat : adapter la Ville au changement… (source de la carte de chaleur : Ville de Gentilly)

Que savons-nous de ce projet au final ?

On ne veut plus parler du mot qui fâche : « city-stade ». Est-il pour autant balayé ?

Sommairement évoqué en restitution publique du 28 janvier 2024, le projet devrait consacrer à l’espace récréatif 10 % des 2070 m² du Petit Bois plus son extension, selon la règle lâchée en réunion de présentation d’arbitrage (celle dont les habitants ni le commissaire n’avaient pas eu connaissance de toute l’enquête publique). Il faut désormais évoquer une ‘aire de jeux de ballons à la brésilienne‘. En quoi serait-ce différent d’un citystade ? parce qu’il serait « à la brésilienne« , la pilule devrait passer mieux ?… On le voit : l’idée du citystade reste inchangée. Ce qui change ce sont les effets de langage… « Citystade » est à proscrire, de l’équipe municipale jusque dans le conseil de quartier qui s’en fait le relais. Maintenant il s’agit de voyager, n’évoquer plus que le Brésil, insufflant dans le subconscient populaire l’idée que le citystade sera jaune et …vert. Selon la sacro-sainte habitude de la Mairie de ne rien dévoiler de ses plans, surtout quand ils risquent de contrarier les habitants, nous ne saurons pas non plus si l’emprise au sol sera finalement réduite comparée aux plans initiaux.

En conclusion, avec la nouvelle règle présentée des 10%, retenons que l’espace de jeux de ballons risquerait d’atteindre non plus 134 m² mais 207 m², ce qui représente une emprise de pleine terre de plus de 14 m de côté au lieu de 10-11 m, sans que les élus se soient engagés sur l’intégration dans ce calcul de la surface des chemins d’accès !

Restons vigilants et soyons acteurs lorsque le moment viendra, mais ne parlons plus de citystade !

Pour aller plus loin, vous pouvez :

  1. Document de présentation des arbitrages de la Ville de Gentilly, est téléchargeable en suivant le lien ici.
  2. Comparer avec le Le document des conclusions et réserves du Commissaire-enquêteur est téléchargeable en cliquant ici.

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